Pandémie COVID 19 : Pourquoi insister autant pour avoir les  scénarios?

Jean-Bernard Robichaud PhD

Chantal Lavigne LLB, MAP

Date 5 avril 2020

Les médias québécois  en général insistent sur une donnée soit  celle du nombre de cas diagnostiqués comme positifs au COVID 19. Selon cette donnée, on pourrait croire que  le Québec serait la province la plus infectée puisqu’environ 50% des cas actuellement diagnostiqués positifs au Canada se trouvent au Québec.  Cette interprétation n’est peut-être pas fondée et la donnée n’est peut-être pas la plus significative. La donnée  la plus parlante ne serait-elle pas le rapport qui existe entre le nombre de décès et le nombre de cas positifs? On peut penser que plus faible est la proportion de décès,  plus le système  de santé démontre son efficacité. On peut aussi se demander si l’insistance pour obtenir des scénarios d’évolution de la pandémie est prioritaire.

Le tableau  suivant mérite certains commentaires[1] :

Province/pays Population totale Cas diagnostiqués positifs en date du 3 avril 2020 Nombre de décès/cas diagnostiqués positifs
Québec 8,429,241 6997( 830 cas pour 1 million de population) 75/6997  =

1,1% des cas diagnostiqués positifs

Ontario 14,441,694 4038(283 cas pour 1 million de population) 119/4038 =

3% des cas diagnostiqués positifs

Colombie Britannique 5,031,894 1203(239 cas

pour 1 million de population)

38/1203=3,2%  des cas diagnostiqués positifs
Alberta 4,335,768 1181 (272 cas pour 1 million de population) 20/1181= 1,7% des cas diagnostiqués positifs
Canada 37,590,000 14404 (383 cas pour 1 million de population) 258/14404=1,8% des cas diagnostiqués  positifs
Canada  moins le Québec 29,161,000 7407 (254 cas pour 1 million de population) 183/7407= 2,5% des cas diagnostiqués positifs

 

Que nous dit donc ce tableau?

Même s’il peut paraître odieux de se comparer dans notre malheur collectif, n’est-il pas utile de prendre en considération certaines données objectives avant de remettre en question les objectifs et stratégies  de nos autorités de la santé publique et de nos experts?

La dernière colonne du tableau identifie un résultat final, le nombre de décès par rapport aux cas diagnostiques positifs. Sur ce plan on constate que la stratégie adoptée par la santé publique du Québec fonctionne. Les provinces les plus populeuses du pays ont des proportions de décès exprimés en pourcentage de cas positifs, plus élevés que ceux du Québec.   C’est une différence, jusqu’à maintenant, significative entre les données pour le Québec et le Canada dans son ensemble. Même si le tableau est fondé sur des résultats récents et changeants quotidiennement, ils n’en sont pas moins le résultat d’une tendance qui se manifeste depuis quelques semaines.  Nous avons suivi ce tableau depuis 3 jours et les tendances se maintiennent. Voilà une indication que la stratégie des autorités publiques du Québec fonctionne. L’étude rendue publique récemment par Google indique aussi que le Québec est bon élève en matière de distanciation sociale.

On peut faire une autre observation à partir de la 3e colonne. Le Québec aurait  été jusqu’à maintenant plus efficace à dépister ses cas positifs.  Il a identifié plus que le triple de cas par million de population que le Canada, lorsqu’on enlève l’effet Québec des résultats canadiens. Rien n’indique que le virus serait plus implanté ou plus virulent au Québec qu’ailleurs.  Il est donc raisonnable de faire l’hypothèse que les résultats du Québec découlent de l’intensité de son dépistage. Le fait qu’il y a proportionnellement moins de décès parmi les cas diagnostiqués positifs, ne signifierait-il pas aussi   que ces derniers sont pris en charge plus rapidement par le système de santé?

Nous ne pouvons qu’appuyer les autorités de santé et le gouvernement du Québec dans tous leurs efforts pour contrôler la pandémie.

Face à l’insistance des médias pour que le gouvernement publie des scénarios d’évolution de la crise, les données qui précèdent incitent à penser que ceci n’apparaît pas comme la principale priorité actuellement.  Jusqu’à maintenant le gouvernement du Québec a fait appel à l’intelligence des québécois, à leur sens civique et à leur solidarité. Entrer dans la publication de scenario nous introduit dans une approche fondées sur la peur, en pensant qu’elle sera mobilisatrice pour les plus récalcitrants. C’est une évolution qui pose beaucoup de questions quant à ses effets possibles sur notre comportement en société.

De plus, il faut prendre en considération l’utilisation la plus efficace de nos ressources rares en santé publique. Combien de temps allons-nous mobiliser nos experts pour une question relative au droit à l’information alors que les priorités sont ailleurs. Vraiment ailleurs…continuer à combattre la pandémie le plus efficacement possible!

 

[1] Selon Santé Canada le 5 avril 2020

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